Avant
de m'intéresser au fond de la traduction, plusieurs questions sont
apparues sans réponse sur la forme même de ces écrits.
En
premier lieu, de quand datent ces textes ?
Au
regard de cette traduction il ressort que ces histoires se noient
dans une tradition bien plus ancienne que je ne pouvais imaginer.
L'écriture
cunéiforme hittite dans laquelle sont retranscrits ces textes nous
donne une première idée de leur période. Cette écriture était
employée pendant la période de l'Empire hittite qui correspond
environ à la seconde moitié du deuxième millénaire avant notre
ère.
Ces
textes ont donc entre 3000 et 3500 ans.
La
prédication évoquée dans le livre IV, qui est le dernier texte
gravé dans la roche, peut nous donner une idée plus précise de la
date de ces textes. Nous y reviendrons mais si l'on prend comme
référence certains faits évoqués dans la prédication, cette
dernière histoire daterait de 1400 ans environ avant JC. Bien que la
prédication ne prouve rien, la date qu'elle nous suggère correspond
bien à l'écriture hittite choisie.
Pourquoi
cette écriture hittite, alors qu'il n'est fait aucune mention de cet
Empire ?
Comme
pour la précédente question je me suis référé au savoir des
historiens que j'ai consulté pour la traduction.
A
l'instar des égyptiens antiques, les hittites avaient deux
écritures. L'une hiéroglyphique généralement gravée
cérémonieusement dans la roche et l'autre cunéiforme dessinée sur
des tablettes d'argile à des fins plus commerciales et
administratives. Alors pourquoi avoir écrit ces textes dans un
langage « commercial » sur les parois rocheuses de cette
pièce ? Aussi une interprétation probable du livre III, laisse à
penser vraisemblablement à un lien étroit entre les rédacteurs de
ce texte et l'ile de Crête. Or les crétois de l'époque usaient
d'une toute autre écriture.
J'imagine
que chaque cité devait écrire son histoire dans le langage des
cultures qu'ils côtoyaient. Il semble que l'Empire hittite a étendu
sa domination jusqu'à la côté égéenne aussi, l'écriture
courante à Ephèse a certainement été pour un temps le cunéiforme
hittite.
Mon
hypothèse est que le message gravé dans ces murs ne se voulait pas
hermétique mais le plus accessible dans l'espace et dans le temps.
Aussi l'écriture cunéiforme devait être perçue à cette époque
comme la plus internationale et la plus pérenne.
Ou
bien encore pensaient-ils l'écriture crétoise sans avenir par
rapport au cunéiforme qui se voulait plus moderne.
Que
le but ait été de diffuser ce message à travers les âges ou de
transmettre un savoir hermétique, l'endroit où ce texte a été
gravé n'en demeure pas moins mystérieux.
Quelle
était la fonction de cette salle souterraine ?
J'ai
d'abord pensé qu'il pouvait s'agir d'une ancienne tombe. Les objets
et les restes du défunt auraient été volés par des pillards au
cours du temps. Mais aucune mention de ce type n'est indiquée, il
n'y avait pas de nom, pas d'histoire personnelle, seule l'histoire de
ce peuple y est mentionnée.
Il
est possible autrement que cette salle n’ait pas toujours été
sous terre. Elle aurait pu aussi bien être une pièce d'une école,
d'une maison ou d'un temple, où les gens allaient pour apprendre,
pour se souvenir du passé de leur peuple. Le temps aurait par la
suite recouvert l'ensemble allant jusqu'à l'oublier et construire
par dessus, sans savoir le trésor qui se cachait en dessous.
J'ai
appris que vers 1100 avant notre ère, les doriens, que nous appelons
souvent « les peuples de la mer », débarquèrent sur les
côtes de la mer Égée et saccagèrent tout sur leur passage.
Les
derniers porteurs de cette culture matriarcale voyant l’effondrement
de leur dernier bastion, auraient pu vouloir en préserver la mémoire
dans des chambres secrètes inaccessibles aux assaillants.
Aucune
autre théorie ne m'ayant été proposée, je ne peux aujourd'hui
m'étendre davantage sur l'utilité de cette curieuse salle.
Pour
un témoignage destiné au partage du savoir, pourquoi ce texte
n'est-il pas plus long ?
Il
est vrai que certaine parties du texte n'ont pas pu être traduites
et que d'autres on été simplifiées ou modernisées par souci de
lisibilité, mais malgré cela, ce texte est particulièrement court
par rapport aux premières histoires écrites connues.
Les
histoires qui se racontent de bouche à oreille évoluent, se
complexifient avec le temps et d'autant plus lorsqu'il s'agit de
millier d'années.
Pourtant,
ce témoignage ne nous livre que les événements clef sans se perdre
en détail ni en description.
Il
s'agit pour notre cas d'un témoignage qui reste essentiellement
religieux ou philosophique. Or, lorsqu'on écrit un texte à
caractère emblématique, il est très difficile de le modifier ou de
l'enrichir, j'en veux pour exemple les écrits de la Bible ou du
Coran que personne ne s'amuserait à modifier aujourd'hui. L'aspect
résumé du texte provient peut-être donc, du fait que la
transmission n'est pas orale à la manière d'une histoire qui
raconte mais écrite à la manière d'un héritage que l'on transmet.
Je
vous invite maintenant à lire la traduction de ce témoignage du
passé, et ainsi faire resurgir du néant une histoire qui est
probablement la nôtre, à tous.
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